Xélim est mort
dans les arènes
d'une corrida
à Séville en Espagne,
le 29 avril 2012,
ainsi que le taureau
mis à mort.
Xélim
Ta robe était si blanche alors que l'homme était si pâle,
le ciel était si bleu pour livrer ici ta dernière bataille,
toi mon beau cheval blanc, mon superbe Bucéphale,
si loyal au cavalier étincelant, menant à tes funérailles.
Le matin encore, ton âme était sans douleur, ni tâche.
La magnificence de ton allure n'avait d'égale posture.
Ni les princes, ni le roi des rois n'eurent tel panache,
au vent du crin soyeux, glissant sur ta fière encolure.
Si tu avais pressenti ce matin là, l'ombre du sommeil,
aurais-tu profondément humé une dernière fois encore,
l'herbe fraîche et les fleurs odorantes baignées de soleil ?
Mais peut-être le savais-tu, ce que tout humain ignore ?
Fidèle et sûr ami de l'homme, bien que tout son contraire,
jadis son meilleur servant et vaillant équipier légendaire,
compagnon d'arme fidèle, portant haut ses oriflammes,
conquérant des grands espaces, que nous tous adorâmes.
Une histoire antique au devoir de mémoire déjà oublié,
par l'ingratitude humaine, d'une morale peu fraternelle,
Un serviteur de l'homme, esclave de sa vile cupidité,
remercié aux abattoirs, après maintes corridas cruelles.
Sous un ciel bleu délavé, guidé par ton maître aveuglé,
confiant, malgré les cris délirants de la foule des arènes,
obéissant aux éperons acérés du conquistador si adulé,
tu presses ton pas vers le Colisée d'aversion et de haine.
Splendide étalon candide, précédant la funeste cohorte,
qui en ordre de bataille te conduit sous bonne escorte.
De l'ombre à la lumière, la foule exulte, la foule exhorte,
ton drame se prépare et referme là, ta dernière porte.
Sans crainte, ta confiance au prince est indéfectible,
malgré ta peur qui vient quand ses yeux à lui brillent.
Ton élégance et la noblesse de tes pas sont indicibles,
elles parent de lumière l'ombre de l'homme de pacotille.
Les sons des cuivres s'altèrent aux hystéries et clameurs,
dans ce fort tumulte où la mort se prépare à battre le glas.
L'ivresse sonore du sabbat résonne en assourdissant Kafka,
dans ce théâtre antique où l'épilogue veut que la bête meure.
Le silence est si brutal que ton poitrail soudain frissonne.
Tes sabots deviennent lourds quand ton cavalier se dresse,
écrasant tes flancs, du talon de ses étriers qui te blessent.
La foule s'émeut, présageant à mal que tu le désarçonnes.
Alors, tu réponds courageusement encore à ton chevalier
et ton supplice commence au regain des fanfares effrénées,
quand les souffles fétides s'exhalent des gorges tonitruantes,
au vent tiède d'une chaleur malsaine, devenant étouffante.
Du ventre de la forteresse jaillit soudain le colosse, la bête.
Jadis dans les pâturages, vous étiez amis et compagnons de jeu,
avant que la main de l'homme ne flétrisse encore une conquête,
en dressant un monstre pour grandir la réputation du vaniteux.
Le taureau n'a de cesse de te charger, mon valeureux cheval,
combat inégal et immoral, portant l'homme sur son piédestal.
Le cœur battant, tu obéis, galopes, tu cabres, tu évites, tu hésites.
La prestance indécente, il te bride, te réfrène, t'exhorte et t'agite.
Folie enfiévrée des banderilles dans la chair rouge ruisselante,
de la bête en survie qui redouble de puissance au péril de ta vie.
Mais les fantômes et l'ombre des âmes déjà tombés te hantent.
Sous la charge, tu t'égares, tu chancelles, tu vacilles, tu hennis.
Le temps en suspend ralentit et tes yeux se vident de ton âme.
Tes muscles en sueur se tendent, se raidissent jusqu'au brame.
Tu fléchis, tu t'inclines, tu écrases tes flancs dans le sable impur
où tu affales ta belle robe blanche, éventrée sans maille ni armure.
La bête s'acharne, enfonçant ses pieux au fond de tes entrailles.
Ta douleur n'a pas d'égal, mais ton corps protège encore sans faille,
la vie de l'homme se relevant peu glorieux, avec la peur du ridicule
qui ne le tuera point. Froid à ton agonie et devant la bête, il recule.
Offensé devant la plèbe, dans son honneur au comble de l'horreur,
par impression de trahison et de parjure de son infidèle destrier,
le phénix blessé au plus profond de son orgueil et dans sa fierté,
se hâte le torse exagéré, d'ordonner un second souffre douleur.
Les témoins enfin assouvis de l'imprévu carnage tant attendu,
acclament le prodige d'achever au sens propre, même d'abréger,
le supplice divertissant du coupable illégitime ; la bête fourbue.
Allégeant ainsi les consciences et leurs réjouissances entachées.
Expirant le chant de l'agonie et implorant tes dernières forces,
tu prouves ton courage en relevant ton corps lourd et moribond,
sans le regard, ni l'attention de ton bourreau honteux qui s'efforce,
d'enfourcher avec prestance, son nouvel «ami» d'un coup d'éperons.
A la vision de finir assassiné et traîné par l'attelage d'équidés,
comme le taureau vaincu quitte la piste après sa mise à mort,
tu entames ta dernière course folle, l'abdomen pendant éviscéré,
pour finir d'expirer, isolé dans les mouroirs des noirs corridors.
La junte indisposée à la scène compromettante d’inhumanité,
applaudit le combattant, l'encourageant d'abréger la destinée,
du dragon harassé, désarmé, ruisselant dans son propre sang.
Rassasié, le Réjoneador s'oblige de finir ce que la foule attend.
Mi-homme, mi-dieu, lance en main, face à la bête suffocante,
il se fait son alcade, rendant la sentence à sa proie innocente.
Instant cruel et sordide de l'estocade par la main de l'homme,
quand la lame d'acier effilée, crève son cœur jusqu'au sternum.
Certain d'avoir pu ainsi honorer l'exception de son génome,
la prouesse de l'homme n'a d'égal que le déclin de son destin.
Le dernier maillon du règne des espèces; le genre humain,
massacrant froidement l'animal dans les ors de ce décorum.
Je pense à vous âmes rayonnantes, où êtes-vous maintenant ?
L'herbe y est-elle plus verte et les espaces bien plus grands ?
Votre amitié est-elle retrouvée dans la confiance rassurante ?
La main de l'homme est-elle absente ou délicate et aimante ?
Pardon Xélim, mon si beau cheval blanc, de notre pâle trahison.
Pardon belle et noble bête pour la complicité de notre passivité.
Pardon d'avoir trahi la confiance que vous aviez en l'humanité.
Pardon de vous rendre les honneurs par ces mots de compassion.
Gilles TRISTAN
G.D. (samedi, 05 septembre 2020 08:49)
je cherchais un texte sur une belle äme car j'en connais une...pour lui envoyer et je suis tombé sur ce texte magnifique ! merci !
jean-yves (lundi, 31 août 2020 12:55)
bonjour,un jour,un ami,ma dit que j'avais une belle âme,il m'a surpris,je ne sait pas,la raison,qui a pousser,mon ami,à me dire cela ??
filiae (dimanche, 11 août 2019 08:40)
A la recherche de l'apaisement...trouver l'envie de dire, de vivre, aux envolées du cœur succèdent les tourments...juste la volonté de ces instants figés, écouter le bruissement de la vie, le regard absorbé, éphémère belle âme à l'existence si fragile, restituer, échanger, partager…. le souffle commun
Gilles TRISTAN (dimanche, 07 avril 2019 01:38)
FILIAE. Une âme en partance pour l'autre rive, laisse un trésor dans la mémoire de ceux restants. La corde d'argent se romp et le souffle meurt mais des ondes d'amour demeurent à l'infini reliant la vie aux deux rives. Je vous souhaite beaucoup de lumière et d'appaisement dans le cœur.
filiae (samedi, 16 mars 2019 08:30)
Pas de coupable….Nulle intention de nuire, juste de dire … l'impuissance face à la maladie, les forces qui s'amenuisent et finissent par vous trahir. Il le savait et a gardé le silence car lui aussi trop affaibli. Rompre l'incessant tourbillon des chocs et ce qui s'ensuit, renoncer à donner un sens, à la colère et à chercher un coupable. La vie s'en va ainsi. On vit, on meurt, on survit. Se raccrocher à la beauté et à la simplicité.
filiae (lundi, 11 mars 2019 10:58)
Une belle âme a traversé ma vie, j'en demeure éplorée, insignifiante à jamais, seul l'amour perdure, le souvenir ….. ne peut exaucer tous les souhaits, échanger …. lutter et partager
cadillac (dimanche, 02 décembre 2018 00:22)
Lorem Ipsum 65
flora.jaoui@laposte.net (mardi, 10 avril 2018 11:08)
Connaissez-vous la Déclaration des Droits de l'Ame de pier veranese (ed.parole) très beau texte, très éclairant, c'est mon livre de chevet depuis que je l'ai découvert
Allemane Gérard (vendredi, 16 mars 2018 10:15)
Bonjour,
Que vos mots sont beaux !
Je suis sous le charme.
Suis-je autorisé à les partager entre amis en vous citant?
Je souhaite que d'autres que moi vous rencontrent.
Caroline Roy (vendredi, 09 mars 2018 20:55)
Tellement beau , je le ferais laminer pour toujours le lire et le savourer
Monique et Marc (lundi, 01 janvier 2018 18:36)
(dimanche, 24 avril 2016 22:53)
On connaissait Gilles on découvre Gilles Tristan, deux êtres qui se rejoignent dans une même grandeur d'âme.
Tes messages se partagent entre pudeur et révolte : Xelim ne laisse personne indifférent.
Ta Bretagne paraît si belle dans sa rudesse.
Ton talent nous interpelle, il nous séduit par cette belle humanité qui guide ta plume.
Merci à toi et surtout continue à partager tes mots.
Nadia (lundi, 01 janvier 2018 18:35)
(dimanche, 21 février 2016 11:43)
Sublimes sont vos mots..... merci pour cet agréable instant de lecture.
Me permettez vous de partager quelques de vos poèmes sur G+?
Je vous souhaite une douce journée remplie de calme et d'harmonie.
Maryse (lundi, 01 janvier 2018 18:34)
(mercredi, 24 juin 2015 22:14)
La mienne est parait-il emmurée....Vous lire et vous relire va m'aider à la délivrer....Merci de tout coeur
Antoine KRIEF (lundi, 01 janvier 2018 18:32)
(mardi, 02 décembre 2014 03:19)
Merci d'avoir modifié le lien vers la nouvelle mouture de mon site.
Pesrin AM (lundi, 01 janvier 2018 18:31)
(vendredi, 15 août 2014 23:19)
Continue d'écrire l'Ami, le grand frère. Nous avons tous besoin de beauté et tu sais si bien la faire jaillir!
gresset (lundi, 01 janvier 2018 18:28)
(mardi, 12 août 2014 11:55)
Bonjour, vraiment éclatant de vérité! Merci
Fabienne Mori (lundi, 01 janvier 2018 18:28)
(mardi, 25 mars 2014 11:52)
Merci pour la beauté de votre poème sur "une belle âme". C'est tellement vrai... ma maman était une belle âme et elle rayonnait ... elle apportait par sa présence un rayon de soleil dans le coeur de chaque personne ...
C'est très beau et émouvant
Joëlle (lundi, 01 janvier 2018 18:27)
(vendredi, 25 octobre 2013 22:42)
Super, j'adore vos poèmes.
Zoé (lundi, 01 janvier 2018 18:26)
(mardi, 30 avril 2013 22:56)
Mes larmes accompagnent votre poème. je n'ai pas de mots pour dire ma HAINE pour ces barbares.
Lamiloup (lundi, 01 janvier 2018 18:25)
(dimanche, 28 avril 2013 19:49)
Merci pour ce poème...
Il est permis d'espérer que les corridas seront un jour abolies.
RIP Xelim.
Blanche (lundi, 01 janvier 2018 18:24)
(lundi, 01 avril 2013 18:19)
Merci pour Xélim , pour ce magnifique hommage que vous lui avez rendu. Vous avez su dire sans agressivité, notre peine notre colère.Je continuerai a vous suivre avec grand plaisir.Une anti corrida
Orlane (lundi, 01 janvier 2018 18:23)
(samedi, 23 mars 2013 11:26)
Je trouve le poème dédié à Xélim vraiment magnifique, j'ai même pleuré en le lisant...Il faut que vous continuiez....
Amie du Coeur (lundi, 01 janvier 2018 18:19)
(jeudi, 21 mars 2013 12:04)
En revoyant les publications de Poésie, je me suis rendu compte que vos commentaires étaient partis... Pourquoi ? Est-ce qu'on vous a dit quelque chose d'offensant ?
J'aimerais vous lire sur Poésie... Vous lire est un plaisir... A très bientôt... Belle journée :))
Amie du Coeur
Antine KRIEF (lundi, 01 janvier 2018 18:18)
(lundi, 25 février 2013 15:43)
Cher Ami poète,
En chef, mes humbles remerciements pour votre signature sur mon livre d'or, qui est trés encourageant.
Je me suis attardé sur "L'inpensable" (vidéo) qui m'a fait dire que nous avons la même sensibilité pour ces enfants.
Je viendrai vous lire...votre site est magnifique.
Puis-je poser un lien vers votre site sur le mien ?
Cordialement
Antoine
Devin m j (lundi, 01 janvier 2018 18:17)
(lundi, 18 février 2013 19:43)
félicitations gilles pour tous ces messages remplis d,amour et de pureté qui nous transportent au-delà de tout.merci du rappel de ces valeurs,un peu perdues malheureusement de nos jours :j'achète"
ainsi que toute la famille .MJ.JP.G.Y
Amie du Coeur (lundi, 01 janvier 2018 18:16)
(dimanche, 03 février 2013 18:19)
Gilles, vos poèmes sont si profonds qu'ils touchent mon âme... Cette âme que vous ressentez, et dont vous exprimez la beauté et les maux avec sensibilité... Bonne continuation dans le monde de l'écriture... Merci !
Devin (lundi, 01 janvier 2018 17:58)
(vendredi, 01 février 2013 16:02)
> C'est avec grand plaisir que j'ai reçu des mains de ma mère, ce fabuleux recueil de poèmes.
> Ces écrits,sont analogues à une composition musicale, structurés de façon à déclenché l'émotion, et cela, tu l'as parfaitement accompli. Pour mon compte je trouve l'idée plaisante, de savoir que notre société comporte encore des magiciens de la langue française. Merci beaucoup, toute mon affection à toi et ta petite famille.
> Cordialement
> YANNICK
BOB AMOYEL (lundi, 01 janvier 2018 17:58)
(jeudi, 13 décembre 2012 10:52)
Oui cher Gilles, comme tu le dis dans ta dédicace si amicale: je comprends fort bien le sens de ta poésie, j'ai eu ce matin, un cadeau merveilleux en te découvrant davantage, et découvrant un poète..de très grand talent...je comprends mieux ta grande sensibilité, je n'oublierai jamais ce moment d'éternité où tu fus ému aux larmes en m'écoutant jouer Chopin...tu fais partie de ces "élus" qui peuvent percevoir au delà des mots, le sens des "maux de l'âme" dont tu es le messager...tu (nous) avons un devoir , faire partager les vibrations qui demeurent en nous...heureux et fier de faire partie de tes amis...
Anne-Marie PESRIN (lundi, 01 janvier 2018 17:57)
(mardi, 04 décembre 2012 11:08)
Les poèmes sont pour le cœur un sentier qui mène à l'âme. La joie coule comme du miel quand je réalise que c'est un ami très cher qui a le don de nous émouvoir! Le poète s'est révélé à nous comme la violette, timidement,montre sa beauté au moment où on ne l'attend pas! Continue d'écrire pour nous ressourcer. Merci.
Hadra AMOYEL (lundi, 01 janvier 2018 17:56)
(mardi, 04 décembre 2012 10:39)
Gilles, comment te dire ? Tes poésies me vont droit au cœur, elles guérissent les maux et les mots qui ne peuvent parfois sortir. Que ta Lumière continue de briller sur ta famille et sur tous les enfants que tu accompagnes. Je t'embrasse, Hadra