Mon autre famille

 

 

Existe-t-il des enfances heureuses sans blessures,


aux matins clairs où s'endorment les rêves fabuleux.


L'innocence peut-elle comprendre les meurtrissures,


et les regards adultes, ignorant la rougeurs des yeux.




 

L'histoire est parfois cruelle dans la vie d'un enfant,


quand la couleur des yeux trahit les liens de son sang.


Les apparences et les bonnes fois semblent trompeuses,


les faux semblants aussi et les révérences douteuses.




 

Le temps s'installe, se révélant un ennemi sans visage,


encore plus détestable et moins humain dans la durée.


Il en est ainsi, de cette injuste morale sans courage,


vénéneuse où les différences prouvent les préférences.




 

Les droits ne sont plus les mêmes et si peu fraternels,


aux repas, aux anniversaires, jusqu'aux cadeaux de Noël.


Moi, pudique, attentif à une main, un geste, un regard,


eux, diaboliques, sans partage pour la part du bâtard.




 

Mon cœur se déconstruit quand les yeux de ma mère,


ne voient plus les souffrances que m'inflige l'autre père.


Le mépris est bien plus doux à mes tristes pensées,


que le silence des mots et l'indifférence arrangée.




 

Pourtant, j'aime ma mère autant que je la déteste


et je fais de mon mieux pour la séduire et exister.


Reconquérir un peu de sa tendresse pour être aimé,


autrement que par ses gestes de quelques restes.




 

Un amour devenu si pâle et sans grand intérêt,


pour ne plus inquiéter le maître et ses protégés.


Voilà ma nouvelle histoire, ma nouvelle enfance,


ma nouvelle vie de famille, sans ressemblance.




 

Parfois, quand les larmes me viennent, le cœur dévasté,


je m'invente les rires et les bras rassurants de mon père,


contre moi et ma mère, comme si je me rappelais du passé,


avant que je ne devienne malgré moi, une âme étrangère.


 

                                                              Gilles TRISTAN

Déposer  un commentaire sur le livre d'or