Je dédie ce poème à Jonathan Destin et Mattéo Bruno,  ainsi qu'à tous les autres enfants ou adolescents victimes de la bêtise...

                      Le souffre douleur

 

 

C'est moi qui l'ai choisie en début d'année,


ma place, elle est tout au fond de la classe.


Les autres se moquent et font que se retourner,


j'ai les yeux bas, quand ils me regardent en face.




 

Je ne me sens pas comme eux, ni aussi bien habillé


et pourtant je n'y suis pour rien, je n'ai rien fait.


Ils me toisent, m'apostrophent, me coupent la parole.


Je voudrais exister auprès d'eux, mais ils rigolent.




 

Ils ignorent que mes efforts sont surhumains,


quand intimidé, je m'approche d'eux en vain.


Je voudrais un sourire ou bien une attention,


simplement une main tendue sans compassion.




 

Parce que la pitié me dérange et me fait mal,


oui, d'avantage encore qu'un geste brutal.


J'ai l'impression de ne plus exister vraiment


dans ce monde cruel, dans ce monde d'enfants.




 

Parfois le matin, je ne veux pas aller à l'école,


la boule au ventre, j'inverserais bien les rôles,


pour me défendre, que je devienne méchant !


Mais je frémis et n'ose y penser un instant.




 

Le cartable à la main, je porte mes blessures,


le regard résigné au bout de mes chaussures.


J'arpente le chemin qui mène à mon calvaire,


à ma prison où seul, je ne sais que me taire.




 

Je franchis le cœur battant ce grand portail,


tout mon corps tremble, je ne pense qu'à fuir.


Coupable, je pétris les poches de mon chandail,


avec mes mains timides ne cessant de mentir.




 

Ils sont là, comme tous les jours à m'attendre,


leur regard mauvais dans mes yeux tendres,


Il sont là, tous les jours prêts à me pendre,


toutes les nuits, je ne cesse de les entendre.



 

Gilles TRISTAN

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