Au rebord de mes quinze ans

 

 

On a beaucoup de choses à faire dans la vie,


surtout lorsqu'on a quinze ans et demi.


Les regards de nos proches encore attendris,


ne devinent pas encore ce mal qui grandit.




 

Les copains qui vont et qui reviennent,


auront distrait mes dernières années,


au gré des « Je t'aime » qui s'en viennent


et qui s'en vont, sans même se retourner.




 

Ma chambre devient bientôt trop étroite,


lorsque mes douleurs invisibles me braquent,


alors que je réclame d'une humeur maladroite,


un dernier regard avant que ma porte ne claque.




 

Mes tristes pensées ne me libèrent pas


et dans ma chambre toujours à l'étroit,


j'écoute sur mon Ipod un peu déglingué,


mes rêves que je trimbale en 3D.




 

« Mon âme s'échappe de cette boîte,


ma chambre, cette prison de carton.


Et je me sens bien comme de la ouate,


plus légère et fragile que du coton.




 

Mes lèvres sucrées ont un vrai sourire,


comme quand je poursuivais les fées


et que je pouvais les entendre rire,


juste avant même de les toucher. »





Revenir au temps de mon enfance,


seulement un instant d'insouciance,


avec dans le regard de mes parents,


la certitude encore d'être vivant.




 

Je suis toujours là, oui pourtant,


sans aucune rancune finalement.


Pourquoi moi ? Je ne sais pas vraiment.


A qui la faute ? Il n'y a pas d'absent.




 

Je suis là, au rebord de ma fenêtre,


un peu moins à l'étroit je crois,


dans l'espoir que bientôt peut-être,


la porte de ma chambre s'ouvrira.




 

Cette chambre qui étrangement,


aussi étroite que mes sentiments,


secrets, mystérieux, impénétrables,


si hermétiques et insaisissables.




 

Attachez-moi les mains je vous prie,


que je ne puisse me rattraper à la vie.


Attachez-les et ne soyez pas désolé,


qu'elles cessent enfin de me scarifier.




 

Quel courage faut-il pour renaître,


combien de lâcheté pour disparaître ?


Peu importe, je ne peux plus dormir,


j'ai un peu mal et l’envie de vomir.




 

Je souffre derrière mes yeux creux,


qui se vident de mon âme innocente,


parce que mon adolescence insolente,


s’étouffe à bout de souffle, sans aveu.




 

Mon rêve est bien là, au bout de mes bras,


au bord de ma fenêtre, au bout de mes doigts.


Est-ce une fée qui m'appelle pour me séduire


ou un papillon déguisé qui vient me détruire ?





Ma vie est si vide et le sol est si bas,


l'équilibre fragile et mon cœur a si froid.


Les uns m’oppressent sans savoir pourquoi,


les autres m'évitent sans se soucier de moi.




 

La pression est bien trop forte, je crois,


pour continuer à vivre de mes petits pas.


Survivre de petits çà en tous petits riens,


poursuivre en vain, jusqu’au bout du chemin.

 

                                                                                          Gilles TRISTAN

Déposer un commentaire sur le livre d'or